Marsactu face à son premier procès depuis neuf ans
Michel Assor réclame 600 000 euros de dommages et intérêts à Marsactu et Mediapart, s'estimant diffamé par nos enquêtes sur sa pratique chirurgicale.
Marsactu face à son premier procès depuis neuf ans
L’angoisse du coup de sonnette. Chez Marsactu, quand un invité inattendu se présente, on pense tout de suite à un huissier. Comme tous les journaux d’investigation, nous savons que nos révélations peuvent déplaire, au point de susciter des procédures judiciaires.
Depuis neuf ans que je suis directeur de publication, je n’avais connu que le cran en dessous, celui du facteur qui vient déposer un courrier en recommandé, synonyme le plus souvent de droit de réponse. Ce n’est déjà pas une mince affaire, puisque nous avons alors 72 heures pour examiner la demande — qui peut aller de la rectification courtoise au brûlot anti-Marsactu — et décider de la suite à lui donner. Avec, souvent, une menace plus ou moins explicite de plainte.
C’est un examen individuel et collectif, pour la personne qui signe l’article, la rédaction en chef, la direction de la publication : malgré toute la prudence, n’a-t-on pas laissé passer une erreur, ou une formulation fautive ? Alors, quand nous publions des révélations, nous redoublons de prudence. Chaque élément est scanné : a-t-on suffisamment de billes, de recoupements, pour écrire cela ? Chaque formule est étudiée : n’est-on pas trop péremptoires, accusateurs ?
Mais ce 24 mai 2024, c’est bien un huissier qui se présente à la porte du journal. Michel Assor, chirurgien orthopédiste mis en cause dans une série d’articles, qui nous avait déjà adressé un droit de réponse, nous attaque en diffamation. À la lecture de la procédure intentée, le cœur rate quelques battements : outre le retrait des articles, il demande 500 000 euros “au titre de son préjudice économique et financier” et 100 000 euros “au titre de son préjudice moral” à Marsactu et Mediapart — qui avait repris un des articles — et à leur direction de publication respective. Autrement dit, l’auteur de ces lignes et Carine Fouteau.
Continuer d’enquêter et de révéler
Même en partageant avec Mediapart, c’est purement et simplement la mort de Marsactu si nous devions faire face à une telle somme. Soit le licenciement de ses dix salariés, la fin de commandes pour notre réseau de pigistes et chroniqueurs. Et pour les Bouches-du-Rhône et la deuxième ville de France, la perte de son seul quotidien indépendant.
Écrire sous la pression d’une telle condamnation pécuniaire, n’est-ce pas se mettre un bâillon ? Depuis un an, nous avons tenté d’éviter cet écueil et nous avons continué notre mission d’information et d’enquêter sur les sujets d’intérêt général.
Depuis un an, nous subissons les conséquences de cette procédure. Conséquences financières d’abord, pour assurer notre défense. Il s’agit des honoraires de nos avocats, Emmanuel Tordjman et Joséphine Sennelier du Cabinet Seattle Avocats, mais aussi du temps nécessaire en interne pour préparer nos arguments, suivre la procédure.
Il y a quelques semaines, le tribunal nous a donné raison en annulant la procédure engagée. Michel Assor vient de faire appel. C’est son droit de contester cette décision. Pour nous, cela signifie encore de longs mois de procédure et des frais supplémentaires. Alors que la situation financière de Marsactu est tendue, comme celle de beaucoup de titres de la presse indépendante, cela menace nos projets, notre activité, nos enquêtes.
Aujourd’hui, nous faisons appel à vous pour constituer une réserve, pour ce procès et pour d’autres. Pour que seul l’intérêt général guide nos publications, soyez les premiers défenseurs de notre liberté d’informer !
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